Connemara
Alex Lutz, France, 2025o
Issue d'un milieu modeste, Hélène, la quarantaine, a quitté depuis longtemps les Vosges. Un burn-out brutal l’oblige à quitter Paris et à revenir là où elle a grandi. Elle s'installe avec sa famille, retrouve un bon travail et une meilleure qualité de vie. Un soir, sur le parking d’un restaurant, elle aperçoit un visage connu, Christophe Marchal, le beau hockeyeur des années lycées qui lui n'est jamais parti. S'ensuit une liaison qu'Hélène n'avait pas vu venir. Dans leurs étreintes, ce sont deux mondes désormais étrangers qui rêvent de s’aimer. Cette idylle leur sera-t-elle possible ?
Après le Prix Goncourt et l'adaptation à l'écran de Leurs enfants après eux, Connemara, le roman suivant de Nicolas Mathieu, pouvait difficilement échapper au cinéma. C'est l'acteur-réalisateur Alex Lutz (Guy, Une nuit) qui s'y est attelé. Et dans ce genre délicat de l'adaptation littéraire, il y a nettement pire. D'abord, avec sa compréhension profonde de la province française, Mathieu fournit un solide matériau de base. Mais en Lutz, il a trouvé un «traducteur» plus inspiré que la moyenne. L'histoire en soi est d'une banalité à pleurer. Suite à un burn-out, Hélène, cadre dans un cabinet de conseil parisien, rentre dans sa bourgade des Vosges avec sa petite famille pour retrouver une vie plus calme. Elle y retrouvera aussi Christophe, son premier amour, un gars sportif et charmant mais dépourvu d'ambition qui, lui, n'a pas bougé. Et elle ne peut s'empêcher de retomber amoureuse. Drame de l'adultère ou romance de la deuxième chance? Entre Claude Chabrol et Claude Lelouch, le cinéaste trouve une voie médiane, sans ignorer les réalités qui s'opposent à cet amour. Là-dessus, il a choisi un style fait de plans courts, cadre resserré sur les comédiens, filmage en mouvement avec flous et voix qui viennent du hors-champ, ce qui impose un travail important de montage. Ce qu'il y perd du coté de l'ancrage géographique, il le gagne en intimité, aidé par une performance ultra-sensible de Mélanie Thierry, sur le visage de laquelle se lisent les moindres émotions et hésitations. Arrive forcément le tube de Michel Sardou, «Les lacs du Connemara», qui amène Hélène au même constat doux-amer que la protagoniste de Partir un jour d'Amélie Bonnin (avec le même Bastien Bouillon!): elle ne fait plus partie de ce monde-là. Difficile de ne pas être touché.
Norbert CreutzGalerie photoso



